La régénération naturelle assistée (RNA) pour restaurer l’écosystème de mangrove dans les rizières abandonnées

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Etude de cas

Créé en Décembre 2000 et considéré comme l’une des plus vastes étendues de Mangrove en Afrique de l’ouest,  le Parc Naturel des Mangroves du Fleuve Rio Cacheu (PNMC) est situé dans nord-ouest de la Gunée Bissau. Il s’étend sur 88 615 ha, dont 68% recouvert de mangrove. Il est traversé par le fleuve Cacheu qui le subdivise en deux zones distinctes du point de vue écologique, social, et culturel. le parc constitue un important site ornithologique et un site important de refuge et de reproduction de nombreuses espèces halieutiques, poissons, mollusques et crustacés, notamment les crevettes qui constituent une espèce de première importance économique pour le pays. En plus de la faune aviaire, le parc contribue aussi à la conservation d’espèces rares tels que l’hippopotame, le lamantin, les crocodiles du Nil, le dauphin à bosse, le guib harnaché et les singes verts.

Challenge

A l’intérieur du Parc, la coupe de la mangrove a fortement dégradé  cet écosystème. Elle  est souvent favorisée par l’extension d’activités agricoles, dont essentiellement la riziculture dans les zones de mangrove. Ces rizières, appelées « bolanhas », sont une pratique traditionnelle qui consiste à couper les mangroves, à construire des digues et à drainer l’eau douce pendant la saison des pluies (de mai à octobre). Ce système traditionnel de riziculture de subsistance est toujours pratiqué, mais est de plus en plus abandonné. De nombreux agriculteurs passent de la culture du riz pour la subsistance à la culture de la noix de cajou plus rémunératrice, abandonnant ainsi les rizières avec des sols salinisés et alcalinisés. La cartographie des zones de mangrove fait état d’une superficie dégradée estimé à 870 ha. Les analyses effectuées par l’Institut de la Biodiversité et des Aires Protégées (IBAP), permettent de constater que 750 ha de rizières abandonnées peuvent être recolonisées par la mangrove. Cependant, certaines rizières ne  sont pas recolonisées, dû au fait que les digues les  ceinturant  empêchent les fluctuations des marées ainsi que  la dispersion des propagules.

Ce que nous avons fait …

Grâce à la régénération naturelle assistée (RNA), nous avons favorisé la  réhabilitation de près de 200 hectares de mangroves. En effet, depuis 2015 nous mettons  en œuvre des activités pour récupérer l’écosystème de mangrove dans les rizières abandonnées dans le cadre du projet de  Conservation de la Biodiversité du Parc Naturel des Mangroves de Cacheu, financé par la Fondation Turing.

Notre intervention visait à récupérer 200 ha de mangroves dans les rizières abandonnées par la régénération naturelle assistée (RNA) ou encore restauration écologique, qui est une méthode innovante de restauration des mangroves. Elle consiste à améliorer les apports en eau au niveau des rizières. Des opérations de destruction de digue et d’ouverture de brèches dans 5 sites ont permis de rétablir le régime hydrologique , une des principales exigences pour la croissance des mangroves. Le but de ces opérations est de permettre à la marée de renouveler l’eau à chaque cycle en amenant les propagules de façon naturelle ainsi que la faune bactérienne dont le sol a besoin.

Résultats

Au total 200,3 ha soit environ un tiers de la superficie récupérable dans le PNTC, sont en phase de restauration. Diverses limitations de la croissance des mangroves ont été identifiées dans l’analyse des données de suivi, dont la présence des digues ceinturant les rizières. En examinant les stratégies utilisées jusqu’à présent, on constate que la méthode de RNA  a eu des résultats très appréciables. Cependant ces constats doivent être consolidés.  Par conséquent, il est recommandé de continuer le suivi sur l’ensemble des sites. C’est pourquoi le protocole suivi est établi sur une période de 5 ans.

D’ores et déjà, on peut affirmer que cette activité de RNA est une très bonne pratique de restauration écologique de la mangrove. Elle donne, dans certains cas de meilleurs résultats que le reboisement. Il faudra envisager de l’étendre sur d’autres sites en Guinée Bissau et même dans d’autres pays dans le cadre des activités du programme Mangrove Capital Africa au Sénégal.
Mangrove Capital Africa est un programme de Wetlands International, financé par DOB Ecology.